La mise en place d’une interdiction de vente des voitures thermiques neuves est actée par la Commission européenne pour 2035, mais certains États membres réclament déjà des exemptions pour les carburants synthétiques. Les constructeurs multiplient les annonces de nouveaux modèles électriques, tout en poursuivant le développement de moteurs hybrides pour contourner les contraintes réglementaires.Les investissements dans les batteries solides et la recharge ultra-rapide redessinent la chaîne de valeur, tandis que l’accès aux matières premières reste un point de blocage majeur. Les choix individuels s’en trouvent complexifiés, entre incitations fiscales fluctuantes et incertitudes sur la revente.
Plan de l'article
- Voiture électrique et thermique en 2035 : où en serons-nous vraiment ?
- Transition énergétique : quelles politiques publiques et quels enjeux pour l’automobile ?
- Modèles, innovations et technologies à surveiller pour ne pas rater le virage
- Thermique ou électrique : conseils pratiques pour choisir selon votre profil en 2035
Voiture électrique et thermique en 2035 : où en serons-nous vraiment ?
Le parlement européen trace la ligne d’arrivée : dès 2035, toute voiture thermique neuve disparaîtra des concessions européennes. Derrière l’affichage d’une neutralité carbone à l’horizon 2050, l’union européenne pousse l’industrie automobile vers l’électrique, quitte à chambouler la donne dans tout le secteur. Le parcours, toutefois, est semé d’embûches.
Lire également : Les incontournables applications mobiles pour les conducteurs
En France, malgré 1,4 million de véhicules électriques déjà sur les routes, à peine 17 % des nouvelles immatriculations relèvent du tout-électrique. Le défi affiché par le Gouvernement français semble vertigineux : il attend 15 % de véhicules électriques sur l’ensemble du parc dès 2030. Quand on sait que 40 millions de véhicules circulent dans l’Hexagone, la transformation ne se fera jamais sur un simple claquement de doigts. S’aligner sur les objectifs européens demandera de trouver une cadence que le secteur n’a encore jamais connue.
La bataille se joue bien au-delà des ateliers de montage. La Chine règne d’une main de fer sur la chaîne mondiale de production des batteries : 76 % du marché, l’union européenne ne pesant que 7 %. L’Europe tente de muscler son industrie, par exemple en lançant l’extraction du lithium localement, mais combler le retard semble impossible à court terme. Renault, Tesla, tous cherchent à diversifier leurs alliances et misent chaque année des milliards dans la recherche, mais ils restent largement tributaires de fournisseurs extérieurs.
Lire également : Quel moteur diesel choisir : les modèles les plus fiables à la loupe !
À elle seule, la route pèse 23 % des émissions de CO2 européennes ; impossible de faire l’impasse sur ce levier de décarbonation. Les règles évoluent vite. Professionnels et particuliers doivent suivre la croissance encore poussive des infrastructures de recharge, composer avec des réseaux en développement, tout en jonglant avec un mix énergétique en pleine mutation. À la logistique déjà complexe s’ajoute la nécessité d’adapter nos habitudes de déplacement. Le chantier est titanesque.
Transition énergétique : quelles politiques publiques et quels enjeux pour l’automobile ?
La transition énergétique rebat les cartes pour tout l’écosystème : constructeurs, sous-traitants, élus, consommateurs. Avec sa Stratégie Nationale Bas Carbone, le gouvernement français vise -28 % sur les émissions du secteur des transports d’ici 2030 (par rapport à 2015). Concrètement, les zones à faibles émissions mobilité, déjà en place à Grenoble, Lyon, Rouen ou Grand Paris, poussent déjà les automobilistes à renouveler ou adapter leur flotte. Les véhicules les plus polluants voient leur espace de circulation restreint, forçant les industriels à accélérer la refonte de leur catalogue et de leurs lignes de production.
Il ne s’agit pas d’ajustements à la marge, mais bien d’un rééquilibrage de toute la filière. La dépendance européenne en matière de batteries et de matières premières critiques expose chaque maillon à la moindre tension géopolitique. La Cour des comptes européenne alerte régulièrement sur le retard accumulé dans notre indépendance, alors que la Chine impose sa marque sur la filière batterie. Les solutions comme l’hydrogène bas-carbone ou les e-fuels existent, mais restent loin derrière, freinées par le rouleau compresseur de l’électrique.
Du côté des constructeurs automobiles français et européens, le mot d’ordre est limpide : il règne une attente d’investissements massifs, d’une vision lisible, et de décisions politiques solides. Adapter l’outil industriel, former les métiers, sécuriser l’accès à l’énergie propre… La mutation s’annonce longue ; elle façonnera la configuration de l’industrie automobile partout en France et ailleurs sur le continent, pour une génération entière.
Modèles, innovations et technologies à surveiller pour ne pas rater le virage
Dans les bureaux d’études et sur les chaînes d’assemblage, le match fait rage. Tesla, Renault, Volkswagen, Ford, Peugeot : tous avancent leur stratégie et parient sur la prochaine innovation capable de créer la différence. La batterie lithium-ion continue de trôner au cœur des modèles, mais sa fabrication dépend toujours plus du lithium, nickel ou cobalt. La Chine garde la main, encore et toujours : 76 % de la production mondiale sort de ses usines, et l’Europe se contente d’une part marginale. Se réinventer n’est plus une option.
Trois grands axes guident aujourd’hui la course à l’innovation :
- Développement de batteries à densité énergétique supérieure (li-métal, sulfure, graphène)
- Progression du recyclage et des activités de seconde vie pour les batteries usagées
- Sécurisation accrue des chaînes d’approvisionnement, depuis le marché européen jusqu’à l’Asie du Sud-est
Charlotte Hamilton, à la tête de Conamix, est catégorique : tant qu’aucune rupture technique n’aura été provoquée, la démocratisation massive des véhicules électriques restera une promesse non tenue.
La récente pénurie de semi-conducteurs, qui a paralysé nombre de chaînes de montage, rappelle que le secteur reste fragile et dépendant d’acteurs mondiaux. Les constructeurs accélèrent sur le déploiement des systèmes connectés embarqués, la gestion intelligente de la recharge, et toutes les solutions susceptibles de démarquer leurs modèles. Le défi : hausser la qualité, garder une gamme abordable, malgré le renchérissement continu des matières premières. La France s’impose en locomotive, fort de ses plus de 1,4 million de véhicules électriques et d’une part de marché de 17 % pour le neuf. Mais sans un déploiement massif de bornes et un raccordement plus conséquent aux énergies renouvelables, la marche sera haute pour l’ensemble du continent.
Thermique ou électrique : conseils pratiques pour choisir selon votre profil en 2035
En 2035, acquérir une voiture thermique neuve sera officiellement hors course : la réglementation mettra tout le monde au même diapason. Mais les rues resteront longtemps le territoire d’un parc diversifié, et chaque usage réclamera sa solution.
Pour les gros rouleurs, la question ne se pose presque plus : le coût au kilomètre d’une électrique écrase celui de l’essence ou du diesel, de trois à quatre fois inférieur. Les trajets quotidiens, notamment si l’on parcourt moins de 80 km, privilégient à l’évidence la citadine électrique. D’autant qu’aujourd’hui, la majorité des recharges se font à domicile. Installer une wallbox ou investir dans des panneaux photovoltaïques domestiques change radicalement la donne sur la facture mensuelle et l’empreinte carbone du conducteur.
En milieu urbain, Paris comme Lyon voient émerger un réseau de plus de 144 000 points de recharge publics partout dans le pays. Idéal pour les citadins au quotidien. En revanche, sur de longs trajets ou dans des territoires moins denses, la prudence reste de mise, même si le maillage s’améliore mois après mois.
Pour ceux qui tiennent absolument à une thermique neuve, le marché de l’occasion deviendra rapidement la seule alternative. Pour le plus grand nombre, la logique du passage à l’électrique l’emportera peu à peu, à mesure que les coûts des batteries chutent et que les infrastructures se densifient. Reste que le véritable choix responsable ne se limite pas au type de moteur : évaluer l’origine de l’électricité, la durée de vie complète du véhicule et son recyclage, c’est là que se dessinera la mobilité de demain.